3 bonnes raisons pour arrêter de coller des étiquettes sur tout et tout le monde !

Je ne vais pas débiter un cours de sociologie, d’anthropologie ou de psychologie rapidement ébauché à l’aide de quelques extraits d’ouvrages de Becker, Erikson ou Garfinkel. Je vais plutôt illustrer, avec mon histoire personnelle, ce que plusieurs étiquettes maladroitement ou méchamment collées sur le front peuvent causer comme dommages importants.

C’est quoi, une étiquette ?

En dehors de celles que l’on trouve sur une bouteille de jus de fruit, un paquet de pâtes ou une boîte de lentilles-saucisses ?! On en colle très souvent, la plupart du temps inconsciemment. Cette habitude provient des souvenirs de notre passé. Elles sont le résultat d’associations répétées, plus générales, comme : un ciel bleu et ensoleillé nous fait penser aux vacances. Un ciel gris à la rentrée. 

Et puis, il y a les étiquettes personnelles, celles qui proviennent de détails de notre enfance, de notre vécu ou d’un ou deux événements isolés. 

D’un trait de caractère, on nous forge notre personnalité, notre avenir. C’est quand on nous répète : “Tu es bien comme ta mère” ou “tu finiras alcoolique comme ton père” ou encore “tu seras ruiné comme tes grands-parents”. Ce sont autant de tampons apposés sur des dossiers laissés sans suite, devenant des “cold cases” : plus rien à en tirer, en quelque sorte !

Elles proviennent de jugements hâtifs, de critiques galvaudées et parfois de la malveillance des autres. Ces “autres” qui manquent d’indulgence et de patience, de compréhension et d’empathie. Ces “autres” qui ont été eux aussi épinglés ?! De victimes que nous sommes devenus, nous nous transformons à notre tour en colleurs d’étiquettes. 

Alors, pourquoi faudrait-il arrêter de sortir sa colle et déchirer ses étiquettes ? 

Parce qu’une fois encore, les étiquettes faussent notre analyse et nous dévient considérablement de la route du bonheur. Ce bonheur sans lequel on se traîne un mal-être qui colle à la peau. Et puis, ces étiquettes condamnent les autres à devenir ce qu’ils ne sont pas destinés à être.

La personne devient ce que l’on dit d’elle

Comparée très souvent à mon père par ma mère, je le prenais très mal, offensée et très angoissée rien qu’à l’idée qu’on me perçoive comme lui. De plus, j’avais très peur de reproduire la même vie que lui. Pendant de nombreuses années, j’ai beaucoup jugé mon père : son caractère, ses choix, ses comportements, ses entreprises, entraînant parfois de terribles conséquences sur son entourage. Qui en a parfois payé les frais : sa famille, ses relations personnelles et professionnelles. 

Je lui ai donc collé un certain nombre d’étiquettes, je l’ai même habillé avec. Certaines laissent des marques plus profondes que d’autres. Sur lui, puis, en entrant dans l’une des phases de l’étiquetage – l’identification-assimilation -, sur moi. J’ai fini par devenir un peu comme lui et l’élève a un jour dépassé le maître dans certains domaines. J’ai même épousé un homme lui ressemblant étrangement, ayant son caractère.

Je me suis inventée des subterfuges pour ne pas lui ressembler tout en essayant de d’arracher  rageusement cette étiquette que ma mère persistait à me coller dessus. Pensant agir à l’opposé de lui, je finissais par agir comme lui. De dire avec arrogance : “Je ne ferai jamais comme lui”, “je ferai mieux que lui”, je me suis plantée comme lui, parfois pire que lui. Mais, qui ne s’est jamais planté ?!

Dès lors qu’une personne est étiquetée, il semble qu’elle soit enfermée en un cercle infernal ne connaissant aucune issue.” (Shlomo Shoham, La marque de Caïn, 1970)

Je ne voyais pas comment m’en sortir, quelle ironie ! J’ai fini par croire que j’étais bien comme mon père… Aux dires de ma mère (puis, plus tard, de mon mari), et je m’étais auto-persuadée que c’était vrai :

  • J’avais son “fichu caractère”
  • J’étais un peu asociale
  • J’avais une piètre vie sentimentale
  • Je ne collectionnais pas les trophées mais les échecs

C’est du moins ce que je croyais.

La personne est privée de son identité réelle

Suis-je en train de dire que j’ai été fabriquée, en quelque sorte, par toutes les personnes qui m’ont étiquetée au cours de mon existence ? D’une certaine manière, oui…

“Désignation”, ”description”, “accentuation”, “conscientisation” et “auto-conscientisation”, toutes ces phases malsaines au cours de l’étiquetage déclenchent la naissance de ses traits de personnalité. Ces traits nous sont reprochés, alors qu’ils ont été quelque part stimulés, suggérés et mis en relief ! 

C’est de cette même manière qu’on fabrique un délinquant, le savais-tu ? On l’associe à quelqu’un ou à un milieu, et “la personne devient celle qu’elle est décrite.” (Tannenbaum, 1938)

Et sans tomber dans cet extrême qu’est la délinquance et la prise de substances addictives pour combler les vides, pour répondre aux troubles anxieux, il existe d’autres conséquences à cet étiquetage qui peut s’assimiler au rejet : la dépression, le chômage, la perte de qualité de vie, la chute de revenus, l’apparition de T.O.C. (Troubles Obsessionnels Comportementaux) et de troubles mentaux.

La victime devient le “bourreau”

Autrement dit, la personne étiquetée colle à son tour des étiquettes sur l’autre. À force d’avoir été comparé, jugé et dévalorisé, on vit privé de notre identité réelle, dans la honte et le doute. On vit non plus nos événements avec une attitude proactive, mais réactive. Pour en savoir davantage, clique sur ce MP3 et cet article : 5 attitudes positives pour une vie heureuse !

Ces attitudes négatives sont déclenchées par la peur : 

  • De ressembler à celui (ou celle) par lequel toutes les étiquettes sont nées
  • De vivre la vie de l’autre, celle qu’on a détestée férocement, celle qu’on a rejetée et qu’on a un jour quittée en claquant la porte
  • Qu’on nous vole en plus de notre identité, notre raison d’être, nos rêves, nos projets

On a les yeux sur “l’autre” et on redoute le regard “des autres” sur soi. On ne voit plus l’horizon face à nous, avec toutes ses promesses, parce qu’on est aveuglé par toutes ces étiquettes. On devient prisonnier dans des cercles de tristesse, d’amertume, de colère, de rancœur et de frustration. On se fait aspirer dans des spirales de fuite à travers toutes sortes de substituts du bonheur.

Puisqu’on nous a privés injustement du bonheur, pourquoi les autres auraient-ils le droit d’être heureux et pas nous ?” 

Parfois, on reconduit des comportements malgré nous, par instinct de survie ou par défaut, parce qu’on ne connaît pas d’autres codes. Alors, on poursuit les autres avec notre pot de colle à la main, nos étiquettes sous le bras et le pinceau dans la bouche.

Quand on fonde une famille, il se peut qu’on aboie les mêmes mots indigestes sur les autres : “T’as vu ? T’es bien comme…”, qu’on imite les même gestes infernaux. Qu’on devienne maltraitant(e) à notre tour.

Ces étiquettes, qui nous ont volé notre identité au point de ne plus être capables de transmettre le beau, le bon, le positif, de construire notre avenir avec enthousiasme, on les transmet de génération en génération.

La prédiction créatrice débute par une définition fausse de la situation provoquant un comportement nouveau qui rend vraie la conception, fausse à l’origine.” (Merton, 1951-1965). Une fois reliée à la situation, elle “va déterminer le comportement qui en résulte avec ses conséquences.” (Merton, 1965)

C’est possible de briser ce cercle infernal et de faire peau neuve ! Jette tout ton attirail de poseur d’étiquettes et apprends dans l’article suivant comment les décoller.

Tu peux également faire un tour ici !

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Je m’appelle Lisa, j’ai 48 ans. J’ai plusieurs passions : l’écriture, la décoration (et tout ce qui touche à l’art)… et les relations humaines. J’aime les gens ! D’ailleurs, je confirme cette citation de Mohammed Al Moktar Zadni, un chercheur en psychologie et poète du Maroc : « Aimer les gens, c’est se réserver une place parmi les heureux. »
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