En général, quand on a pour habitude d’exagérer ou de déformer la réalité, tout le monde le sait, sauf nous ! On ne s’en rend pas forcément compte et il ne faut surtout pas qu’on nous dise : “Alllllez ! Tu exagères toujours !” au risque de recevoir des postillons en plein visage. Bien sûr, ce sont les autres qui exagèrent, pas nous !
– J’en ai marre, c’est toujours pareil !
– Encore ! J’ai que des problèmes !
– C’est toujours sur moi que ça tombe !
Ces phrases qu’on a tous entendues, également prononcées, proviennent d’interprétations négatives ou paranoïaques. Parfois, c’est l’inverse : des réactions trop naïves, simplistes ou encore euphoriques.
Appelée par les psychologues “distorsions cognitives”, cette tendance à exagérer, déformer ou dramatiser provient des pensées de notre cerveau qui interprètent mal les informations qu’il reçoit. Ces pensées sont comme des détonateurs qui agissent sur nos émotions. C’est un processus sans fin qui nous conduit à tirer des conclusions hâtives sur nous-mêmes, sur les autres, les événements, bref, la vie en général. Tout cela nous fait malheureusement souffrir ainsi que notre entourage.
D’où vient cette “déformation” ?
Dans un précédent article, j’ai écrit que le coupable, c’est lui : notre cerveau, ou plus exactement nos émotions. J’ai trouvé des éléments de réponses auprès de François Richer, chercheur en neuropsychologie et professeur à l’UQAM (Université du Québec à Montréal).
“Notre interprétation d’une situation n’est jamais complètement rationnelle et objective, elle est toujours teintée par nos émotions à un certain degré. (…) Même si elles sont souvent considérées comme nuisibles, les émotions sont les moteurs et les boussoles de nos pensées. Elles nous alertent sur les dangers qui nous guettent. Elles nous fournissent des buts (désirs, envies, ambitions) et orientent nos pensées sur ce qui nous rapproche de ces buts. En plus, elles nous entraînent à éviter ce qui nous nuit et à répéter ce qui nous fait du bien. (…) Même si les émotions sont essentielles pour la pensée, quand elles sont trop fortes elles peuvent biaiser nos pensées de façon excessive. Certaines déviations de la pensée par les émotions sont très fréquentes, en particulier, généraliser, dramatiser et obséder.”
Quelles sont les conséquences de cette déformation ?
Elles peuvent se traduire sous trois formes :
L’exagération
Elle se produit quand d’une situation unique ou exceptionnelle, elle est transformée en généralité.
- Je n’y arriverai jamais !
- Ce n’est pas pour moi !
- C’est toujours de ma faute !
Cette interprétation excessive conduit à tomber trop hâtivement dans l’échec, à baisser les bras. On grossit l’interprétation d’une information alors que d’autres explications sont envisageables. On n’en démord pas, notre conclusion, c’est la bonne, même si les faits ou les preuves peuvent la contredire. On a du mal à nuancer ; on préfère catégoriser ou prédire négativement les événements. On écoute nos émotions qui nous suggèrent des interprétations qu’on accepte parfois sans trop réfléchir.
Cela peut provenir aussi d’un manque d’imagination mais l’exagération se produit souvent quand nous sommes aveuglés par nos émotions. Elles nous donnent une vision erronée de la vérité ce qui nous fait tomber dans les pièges de l’excès, du “tout ou rien”.
🔎 Comment en sortir ?
- En contrôlant ses émotions (Lire Comment contrôler ses émotions pour vivre heureux ?)
- En concluant que nous ne sommes pas uniques, que cela arrive aussi aux autres
- En écoutant davantage les personnes rationnelles plutôt que ses émotions (faire confiance aux jugements de ses proches)
La dramatisation
Une personne qui dramatise va systématiquement penser au pire, envisager des catastrophes, bref, imaginer des drames dans des situations bénignes.
- Une douleur au ventre, et c’est forcément un cancer du pancréas
- Un léger retard de notre conjoint(e), et on pense qu’il est avec un(e) autre
- Un message vocal de son banquier, et on croit que c’est pour un interdit bancaire
Un événement anodin peut prendre des proportions… dramatiques.
🔎 Comment en sortir ?
- En travaillant sur son absence de rationalisme
- En augmentant sa capacité de raisonner positivement
- En revisitant ses jugements trop catégoriques
- En devenant plus objectif, moins subjectif
Entraîne-toi sur des situations simples, comme celles citées ci-dessus :
J’ai mal au ventre ? Je n’ai pas assez mangé au petit-déjeuner.
Il (Elle) est en retard ? Il doit y avoir trop de circulation.
Mon banquier m’a appelé(e) ? C’est pour me présenter un nouveau produit bancaire.
Pour t’aider, voici 4 attitudes pour guérir de cette tendance. À découvrir dans cet article : Optimisme vs pessimisme.
L’obsession
Quand notre cerveau est obsédé par un thème en particulier, comme :
- Se sentir persécuté(e)
- Critiquer tout sur tout
- S’inquiéter à l’excès de ce que les autres pensent de soi
- Être rongé(e) par la culpabilité
il est difficile de déloger les émotions car elles s’alimentent en permanence entre elles dès qu’une nouvelle situation surgit. Elles tournent en boucle (d’où le terme “obsession”) donnant naissance à des idées intrusives, du genre :
- Tu as vu comme elle m’a regardé(e) ?!
- Dès que je me couche, je n’ai plus sommeil…
- Je suis inquiet(ète) pour mes enfants ; quel avenir leur proposer ?
Ces pensées ne se nourrissent que de l’inquiétude, qui peut provenir d’une phrase extraite d’une discussion, d’un événement ou tout simplement de l’actualité. Elles génèrent du stress.
🔎 Comment en sortir ?
- Éviter les journaux télévisés !
- Se nourrir de pensées positives : lire des livres qui élèvent la pensée (voir cette astuce n° 3 !)
- S’entourer de personnes optimistes
- Apprendre à se relaxer
“L’inquiétude exagère toujours la vérité.” (Vercors)
Quand nous comprenons que la réalité est très souvent déformée par nos pensées et nos émotions négatives, il est plus facile de reconnaître que cette tendance nous fait souffrir pour mettre en place les bonnes solutions dans le but de la renverser.
La tranquillité de l’esprit est un bon remède, aussi je t’encourage à appliquer ces quelques astuces dans ton quotidien.
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