On efface tout, et on recommence ?

Aujourd’hui, le temps d’un article – 3mn – je vais me transformer en auteur et recommencer l’histoire de ma vie. Oui, parce que changer un seul épisode compromet toute la série et le déroulement. Et avec, finies les intrigues, les embrouilles et les déceptions !

Dans l’épisode précédent, Lisa fait faillite : elle perd son entreprise, se sépare de son conjoint – sa plus belle histoire d’amour – et se retrouve avec d’énormes dettes sur les bras. 

Découvre comme elle rebondit, alors qu’elle déchire rageusement cette page douloureuse de sa vie pour en écrire une nouvelle.

Saison 04 – Épisode n°2011-04-01 de la Vie de Lisa – Le test de l’effaceur

Ce n’était pas un poisson d’avril lorsque j’ai déposé mon bilan le 1er avril 2001. J’avais alors 31 ans. 10 ans auparavant, j’avais monté une petite boîte de reprographie numérique, où j’ai grimpé les échelons et acquis un savoir-faire avec une clientèle grandissante en proposant de la communication sur mesure. Chiffre d’affaires florissant, quelques employés et une erreur fatale qui m’a coûté non la vie, mais le sens que je lui donnais alors

J’ai mis la clé sous la porte, j’ai dit bye bye à mon compagnon, j’ai épluché des comptes vides, en vidant une boîte de kleenex. J’étais inconsolable et j’ai vite plongé dans la dépression. Tout le poids de mon échec reposait sur mes épaules et j’avançais péniblement, courbée, anéantie et humiliée. J’allais devenir l’employée de mon concurrent ! 😡

Combien de fois n’ai-je pas soupiré : “Ah, si j’avais su” et non “si j’aurais su”… Aujourd’hui, je peux réécrire mon passé et changer mon futur ! Youpiii !

Effacer un seul paramètre de l’équation

À cette époque de ma vie, tout me réussissait. Enfin, c’était mon équation du bonheur du moment, et j’avais trouvé un équilibre qui me correspondait plutôt bien. D’un côté, mes attentes – énormes – de l’autre, des événements qui se déroulaient correctement, non sans effort. Sauf que je n’avais pas prévu la banqueroute !

Si je pouvais recommencer… 

… je n’embaucherai pas mon conjoint.

Et j’effacerais cette embauche. À la place, je mettrais un graphiste moche et boutonneux, et je garderais mon conjoint, près de moi. Jusqu’à la fin de mes jours. Et mon entreprise avec. Et on aurait beaucoup d’enfants. Enfin. 2 ou 3 ?

Premiers doutes sur le test…

Tu es sûre qu’il va rester, ton chéri ?

Mmm, pas vraiment. À vrai dire, l’entreprise a mis notre couple en péril. Pas le temps d’une vie privée, d’entretenir ses sentiments. Notre couple battait sérieusement de l’aile, et même les 2, avant la faillite !

Tu es sûre de garder ta boîte ? D’être à ta place ? Et le bonheur, dans tout ça ?

Pas plus évident que ça ! C’est vrai que j’étais passionnée par mon job ! Mais je n’étais décidément pas heureuse. Je me rendais déjà compte que l’argent ne fait pas le bonheur, même s’il y contribue ! 

🔎 2 illusions évaporées : 

  • L’amour d’un homme ne comble pas tout 
  • Ni l’argent, qui n’achète pas le bonheur 

Ne pas l’embaucher signifie-t-il pour autant que je n’aurais pas coulé ma boîte un jour ou l’autre, et que j’aurais gardé mon conjoint ? Comment le savoir ?… 

Encore une illusion : on ne sait rien de rien…

Bon, ça se complique. Allez, Lisa, sois plus radicale !

Tout effacer !

Si c’était possible, je ne me lancerais pas dans la création d’une boîte. Comme ça, pas de faillite, pas de séparation, pas de galère, pas de dépression, pas d’échec, pas de honte, pas de dette, etc.

Oui, mais… Ah ! Encore des doutes !

Es-tu sûre que tu souhaites abattre les murs de ta petite entreprise, et avec elle, toute l’expérience que tu as acquise ? Les bons souvenirs ? Les belles rencontres entre les clients et les fournisseurs ? Certains sont devenus tes amis, et Marie, c’est ta meilleure amie ! Tu ne peux pas la supprimer comme ça : “Bang Bang”, quand même ? Et qui aurait été son témoin de mariage ? La marraine de son petit bonhomme ? Et toutes ces bonnes rigolades, ces sorties sur l’Île de Ré, les virées à la plage, les restau, les apéro… 

Stooop ! Oui, oui, c’est vrai, ça ! Pfff, c’est d’un compliqué, l’effaceur ! Je n’aurais jamais manqué tout ça pour tout l’or du monde !

Et puis, ton expérience ! Lisa, tu as tout appris, dans ta boîte, ou presque ! Un métier, un savoir-faire, des compétences,. Tu as renversé des peurs, combattu ta timidité maladive, remporté des défis, créé ton premier emploi avec cette boîte ! En plus, tu as acquis le sens des responsabilités ! Tu as appris à négocier, compter, trancher, à développer ta créativité, à repousser tes limites ! E tu te sers de cette riche expérience encore aujourd’hui ! Voyons ! T’es sûûûre ???

Ouiii, c’est toujours vrai. Pfff. Je m’embourbe, là. Bon, je renonce. Je renonce à effacer cet épisode, pourtant de loin le plus cata de ma vie. 

Alors, on n’efface rien ?

Non, je ne veux rien effacer de mon passé, et depuis, j’ai changé. Et puis, je suis le fruit de mon passé et non sa prisonnière. Le sens de ma vie a changé, lui aussi. Mes connaissances avec. Elles ont évolué avec moi. Ce qui s’avérait vrai, juste, viable et durable ne l’est plus à ce jour ! J’ai presque tout jeté de ce que je croyais savoir. J’ai fait un grand tri et balancé le futile, le superficiel. 

C’est vrai que j’ai beaucoup appris dans cette entreprise : depuis la pose de la première brique jusqu’à sa démolition totale qui a volé ma joie de vivre. 

Cependant, grâce en partie à cet épisode de ma vie :

  • J’ai trouvé l’équilibre
  • J’ai revu mes connaissances qui étaient tellement inadaptées et incomplètes
  • J’ai pu résoudre l’équation du bonheur 

J’ai bâti longtemps sur du sable, et cette tempête a renversé mes fondations déjà branlantes : balayée, mais pas coulée, Lisa. Toujours là !

Même si cette perte m’a énormément coûté – à tout niveau -, je ne regrette rien, et aucun souvenir amer ne remonte aujourd’hui. Car toutes ces étapes m’ont construite et m’ont permis de devenir la femme que je suis.

Test réussi !

Je ne touche rien ! Je ne regrette rien ! Je choisis de tout garder…

  • Alors j’efface tout et je recommence ? Nooon. Car il y a tant de “bonnes choses de la vie” à garder !
  • Si c’était à refaire, je recommencerais ? Oui, mais différemment. 
  • Si je remontais une boîte avec des salariés, je ne mélangerais plus amour et travail. 
  • Si je devais recommencer, je ne travaillerais plus autant, je serais beaucoup plus attentive à ma vie personnelle et l’entreprise passerait après.

“Pour savoir, il faut vivre. Pour connaître, il faut expérimenter.” 

Bon. C’est ma maturité actuelle qui me permet de le dire ! C’est cette expérience douloureuse qui me permet de tirer cette conclusion ! Alors, connaissances d’hier, savoir erroné pour aujourd’hui ?

Je crois plutôt que pour savoir, il faut vivre. Pour connaître, il faut expérimenter. Et les regrets ne servent à rien. À choisir, autant ressentir la souffrance dans cette fureur de vivre, cette quête du bonheur, que de vivre de regrets, de remords de n’avoir rien vécu, rien ressenti. Par peur de se tromper, de souffrir ou de se perdre.

Je préfère affirmer comme Oscar Wilde : 

L’expérience est le nom que chacun donne à ses erreurs.

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La formule du bonheur

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Je m’appelle Lisa, j’ai 48 ans. J’ai plusieurs passions : l’écriture, la décoration (et tout ce qui touche à l’art)… et les relations humaines. J’aime les gens ! D’ailleurs, je confirme cette citation de Mohammed Al Moktar Zadni, un chercheur en psychologie et poète du Maroc : « Aimer les gens, c’est se réserver une place parmi les heureux. »
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