Étiquette : Étiquettes

  • 4 outils pour décoller une étiquette tenace

    Dans l’article précédent, je t’ai expliqué les dangers des “étiquettes” : collées sur soi, qu’on colle sur les autres. Peut-être que tu en as pris conscience maintenant : ces étiquettes qui aveuglent notre perception du monde réel, qui faussent notre analyse sur les événements et notre entourage, font partie des nombreuses raisons de notre incapacité à vivre heureux.

    Il n’est pas trop tard pour changer cette habitude néfaste. De vivre libre, dégagé(e) de ce que les autres pensent ou disent de toi, et toi, de ne pas t’arrêter à ce que tu crois savoir de l’autre, de la vie. De revoir tous tes codes.

    C’est pourquoi on va jeter sa combi bleu tachée de colle et tout l’équipement qui va avec pour te permettre de percevoir la vie telle qu’elle est : avec sa palette de + de 16 millions de couleurs ! Waoooh ! De quoi avoir la vie belle, non ?!

    Voici 4 outils simples et efficaces que j’utilise en permanence pour ne pas retomber dans le panneau.

    1- “Découdre” les apparences

    Il est temps de faire tomber ce cliché vieux comme Hérode : “C’est la première impression qui compte.” Souvent, on utilise cette expression pour justifier son mauvais ressenti de l’autre. Tout en supposant les points négatifs que l’on croit avoir décelé chez l’autre en un coup d’œil. 

    Ce comportement fait partie des 7 taches aveugles qu’on a abordées précédemment, responsables de toutes nos erreurs d’appréciation. La plupart du temps, on ne retient que les notes pessimistes : d’emblée, on déclare que ça ne va pas le faire, sans se donner la peine de connaître l’autre, de bien analyser la situation.

    C’est vrai que nous sommes formatés par la société qui mise tout sur l’apparence, sur les signes extérieurs de beauté ou de richesse : style vestimentaire, look, voiture, maison, sans oublier le bronzage et les pec’ qui apportent une touche finale. Ces clichés qui défilent sous nos yeux à coups de pub, sur nos écrans, sur les panneaux d’affichage, dans le magazines. Pourquoi ne pas s’y fier, après tout ?! 

    Et puis, les apparences sont parfois trompeuses ! Parfois, on fait confiance à un sourire engageant, de belles fringues, et finalement, on a face à soi un escroc ou un voyou. 

    La nature humaine est si riche et si compliquée à la fois : comment est-ce possible de s’en faire une idée générale la toute première fois ? De tirer immédiatement des conclusions ? 

    Une fois la barrière du “bonjour”, du premier regard franchie, c’est bien d’aller plus loin. Pour se faire sa propre opinion, il est important de ne pas écouter les on-dit ou de faire confiance aux médias.

    Vaincre sa timidité, oser une approche plus profonde, arrêter d’être naïf(ve) ou trop confiant(e), ou à l’inverse trop méfiant(e) et catégorique, sont de bonnes façons de changer sa perception sur les autres. 

    C’est valable dans les deux sens : se montrer tel(le) que l’on est, sans masque et voir l’autre tel(le) qu’il(elle) est, sans préjugé (sans étiquette), dans son ensemble. Regarder la vie, les autres tels qu’ils sont vraiment. Chercher le bon et le beau qui se cachent souvent derrière… des étiquettes ?

    Pour les événements, se reporter à ces articles : Comment changer sa (mauvaise) perception des événements et Optimisme vs pessimisme.

    2- Regarder sous toutes les coutures

    Tu fais comme moi, quand tu achètes une fringue ? Je la retourne pour observer de près les coutures, pour vérifier si aucun défaut de fabrication n’a échappé à mon premier coup d’œil, alors que je m’apprête à filer à la caisse. Bon, je ne fais pas ça quand j’achète chez H&M (quoi que…) mais si je veux me faire plaisir dans une jolie boutique… 

    Tu auras deviné qu’il n’est pas nécessaire de s’attarder sur tout le monde, mais uniquement sur certaines de nos relations. 

    Concrètement, cela signifie qu’on ne connaît jamais assez l’autre avant un bon nombre de rendez-vous, de discussions. Où l’on va tester son intégrité, son authenticité et même sa disponibilité, son sens du service, sa gentillesse, etc. Parfois, “regarder”, c’est aussi se frotter à l’autre sans craindre les disputes, les échauffements nécessaires pour analyser ce qu’il ou elle “a dans le ventre”, s’il ou elle est capable de surmonter les obstacles avant d’aller plus loin.. Pour faire un bout de route avec, sinon toute la vie, ou partir en courant. Et puis aussi pour éviter de passer à côté, par peur, à cause de ces étiquettes toutes moches qu’on lui a collées dessus.

    👀 Être séduit(e) par le physique, c’est normal, mais insuffisant. Sur ses biens, son salaire ? Non, je ne parle pas de ce genre de coutures, mais de l’être intérieur. Que révèle le caractère ? Quels sont ses principes, ses valeurs ? Quels sont ses goûts, ses attentes ? Et son passé ? Il ne s’agit pas de lui faire subir un interrogatoire mais de bien le(la)connaître pour ne pas se jeter dans la gueule du loup.

    3- S’attarder sur les détails

    Un trait de caractère chez mon père m’a toujours horrifiée : sa colère. Mais derrière ses coups de gueule, quel cœur d’or ! Quel courage et quelle détermination ! C’est des années plus tard que je me suis attardée sur l’ensemble de la personnalité de mon paternel, pour tenter de décoder ses états d’âmes, ses comportements parfois inexpliqués. 

    Un “détail”, et tout a basculé dans la vie de la petite fille que j’étais. J’avais peur de lui, et de lui ressembler pour… sa colère ? Alors que d’autres détails étaient louables, honorables, comme son profond intérêt pour les autres, sa capacité à être un visionnaire, à monter des projets pour sortir les gens de la rue…

    🔎 Pour empêcher qu’un détail (étiquette) nous vole tout le reste, il est important de faire preuve de patience et d’indulgence. Ne pas fuir au moindre obstacle. Se montrer persévérant(e) et aussi fin(e) psychologue car on a tous un vécu, des valises… et des étiquettes à décoller.

    Si un ou deux traits de la personnalité nous dérange, s’attarder sur ceux qui nous plaisent, nous correspondent.

    4- Ne rien déplacer du contexte

    Si on t’a collé(e) les étiquettes de nul(e)”, fainéant(e), bon(ne) à rien, dépressif(ve), et j’en passe, dis-toi que tu n’as pas besoin des autres pour définir qui tu es. Tu connais ta propre valeur en fonction de ce que tu dégages, renvoies, en fonction des résultats que tu obtiens. Et si tu es paralysé(e) à cause de ces étiquettes, reprends un à un ces outils pour déloger tous les mensonges qu’on a prononcés sur toi. Écris-les, fais-en la liste, ou demande à des personnes positives et bienveillantes (il y en a toujours) de t’aider à les définir.

    • Sous l’étiquette “incapable” : il y a de vraies capacités, et tu as des preuves 
    • Sous l’étiquette “nul(le)” : se cachent de véritables talents
    • Sous l’étiquette “râté(e)”: fais exploser de futurs projets

    Quelle que soit l’étiquette qu’on t’a collée, il existe une contre-étiquette. Celle où sont décrites toutes les caractéristiques, bien plus complète que la première qui ne reflète que l’apparence, qu’on rejette ou qui est trompeuse.

    Non, tu n’es ni moche, ni gros(se), ni stupide, ni incapable, ni bon(ne) à rien, parce que rien n’est figé. Dans la seconde, la minute, l’heure, le jour d’après, tu n’es déjà plus la même personne. Des cellules meurent et d’autres se régénèrent, des cheveux tombent et d’autres repoussent, ainsi va la vie. Tout est en mouvement, rien n’est perdu, achevé.

    « Tout est en mouvement, rien n’est perdu, achevé. »

    À l’aide de ces 4 outils, continuons à explorer le monde, les autres, à percevoir les événements sous leur meilleur angle.

  • 3 bonnes raisons pour arrêter de coller des étiquettes sur tout et tout le monde !

    3 bonnes raisons pour arrêter de coller des étiquettes sur tout et tout le monde !

    Je ne vais pas débiter un cours de sociologie, d’anthropologie ou de psychologie rapidement ébauché à l’aide de quelques extraits d’ouvrages de Becker, Erikson ou Garfinkel. Je vais plutôt illustrer, avec mon histoire personnelle, ce que plusieurs étiquettes maladroitement ou méchamment collées sur le front peuvent causer comme dommages importants.

    C’est quoi, une étiquette ?

    En dehors de celles que l’on trouve sur une bouteille de jus de fruit, un paquet de pâtes ou une boîte de lentilles-saucisses ?! On en colle très souvent, la plupart du temps inconsciemment. Cette habitude provient des souvenirs de notre passé. Elles sont le résultat d’associations répétées, plus générales, comme : un ciel bleu et ensoleillé nous fait penser aux vacances. Un ciel gris à la rentrée. 

    Et puis, il y a les étiquettes personnelles, celles qui proviennent de détails de notre enfance, de notre vécu ou d’un ou deux événements isolés. 

    D’un trait de caractère, on nous forge notre personnalité, notre avenir. C’est quand on nous répète : “Tu es bien comme ta mère” ou “tu finiras alcoolique comme ton père” ou encore “tu seras ruiné comme tes grands-parents”. Ce sont autant de tampons apposés sur des dossiers laissés sans suite, devenant des “cold cases” : plus rien à en tirer, en quelque sorte !

    Elles proviennent de jugements hâtifs, de critiques galvaudées et parfois de la malveillance des autres. Ces “autres” qui manquent d’indulgence et de patience, de compréhension et d’empathie. Ces “autres” qui ont été eux aussi épinglés ?! De victimes que nous sommes devenus, nous nous transformons à notre tour en colleurs d’étiquettes. 

    Alors, pourquoi faudrait-il arrêter de sortir sa colle et déchirer ses étiquettes ? 

    Parce qu’une fois encore, les étiquettes faussent notre analyse et nous dévient considérablement de la route du bonheur. Ce bonheur sans lequel on se traîne un mal-être qui colle à la peau. Et puis, ces étiquettes condamnent les autres à devenir ce qu’ils ne sont pas destinés à être.

    La personne devient ce que l’on dit d’elle

    Comparée très souvent à mon père par ma mère, je le prenais très mal, offensée et très angoissée rien qu’à l’idée qu’on me perçoive comme lui. De plus, j’avais très peur de reproduire la même vie que lui. Pendant de nombreuses années, j’ai beaucoup jugé mon père : son caractère, ses choix, ses comportements, ses entreprises, entraînant parfois de terribles conséquences sur son entourage. Qui en a parfois payé les frais : sa famille, ses relations personnelles et professionnelles. 

    Je lui ai donc collé un certain nombre d’étiquettes, je l’ai même habillé avec. Certaines laissent des marques plus profondes que d’autres. Sur lui, puis, en entrant dans l’une des phases de l’étiquetage – l’identification-assimilation -, sur moi. J’ai fini par devenir un peu comme lui et l’élève a un jour dépassé le maître dans certains domaines. J’ai même épousé un homme lui ressemblant étrangement, ayant son caractère.

    Je me suis inventée des subterfuges pour ne pas lui ressembler tout en essayant de d’arracher  rageusement cette étiquette que ma mère persistait à me coller dessus. Pensant agir à l’opposé de lui, je finissais par agir comme lui. De dire avec arrogance : “Je ne ferai jamais comme lui”, “je ferai mieux que lui”, je me suis plantée comme lui, parfois pire que lui. Mais, qui ne s’est jamais planté ?!

    Dès lors qu’une personne est étiquetée, il semble qu’elle soit enfermée en un cercle infernal ne connaissant aucune issue.” (Shlomo Shoham, La marque de Caïn, 1970)

    Je ne voyais pas comment m’en sortir, quelle ironie ! J’ai fini par croire que j’étais bien comme mon père… Aux dires de ma mère (puis, plus tard, de mon mari), et je m’étais auto-persuadée que c’était vrai :

    • J’avais son “fichu caractère”
    • J’étais un peu asociale
    • J’avais une piètre vie sentimentale
    • Je ne collectionnais pas les trophées mais les échecs

    C’est du moins ce que je croyais.

    La personne est privée de son identité réelle

    Suis-je en train de dire que j’ai été fabriquée, en quelque sorte, par toutes les personnes qui m’ont étiquetée au cours de mon existence ? D’une certaine manière, oui…

    “Désignation”, ”description”, “accentuation”, “conscientisation” et “auto-conscientisation”, toutes ces phases malsaines au cours de l’étiquetage déclenchent la naissance de ses traits de personnalité. Ces traits nous sont reprochés, alors qu’ils ont été quelque part stimulés, suggérés et mis en relief ! 

    C’est de cette même manière qu’on fabrique un délinquant, le savais-tu ? On l’associe à quelqu’un ou à un milieu, et “la personne devient celle qu’elle est décrite.” (Tannenbaum, 1938)

    Et sans tomber dans cet extrême qu’est la délinquance et la prise de substances addictives pour combler les vides, pour répondre aux troubles anxieux, il existe d’autres conséquences à cet étiquetage qui peut s’assimiler au rejet : la dépression, le chômage, la perte de qualité de vie, la chute de revenus, l’apparition de T.O.C. (Troubles Obsessionnels Comportementaux) et de troubles mentaux.

    La victime devient le “bourreau”

    Autrement dit, la personne étiquetée colle à son tour des étiquettes sur l’autre. À force d’avoir été comparé, jugé et dévalorisé, on vit privé de notre identité réelle, dans la honte et le doute. On vit non plus nos événements avec une attitude proactive, mais réactive. Pour en savoir davantage, clique sur ce MP3 et cet article : 5 attitudes positives pour une vie heureuse !

    Ces attitudes négatives sont déclenchées par la peur : 

    • De ressembler à celui (ou celle) par lequel toutes les étiquettes sont nées
    • De vivre la vie de l’autre, celle qu’on a détestée férocement, celle qu’on a rejetée et qu’on a un jour quittée en claquant la porte
    • Qu’on nous vole en plus de notre identité, notre raison d’être, nos rêves, nos projets

    On a les yeux sur “l’autre” et on redoute le regard “des autres” sur soi. On ne voit plus l’horizon face à nous, avec toutes ses promesses, parce qu’on est aveuglé par toutes ces étiquettes. On devient prisonnier dans des cercles de tristesse, d’amertume, de colère, de rancœur et de frustration. On se fait aspirer dans des spirales de fuite à travers toutes sortes de substituts du bonheur.

    Puisqu’on nous a privés injustement du bonheur, pourquoi les autres auraient-ils le droit d’être heureux et pas nous ?” 

    Parfois, on reconduit des comportements malgré nous, par instinct de survie ou par défaut, parce qu’on ne connaît pas d’autres codes. Alors, on poursuit les autres avec notre pot de colle à la main, nos étiquettes sous le bras et le pinceau dans la bouche.

    Quand on fonde une famille, il se peut qu’on aboie les mêmes mots indigestes sur les autres : “T’as vu ? T’es bien comme…”, qu’on imite les même gestes infernaux. Qu’on devienne maltraitant(e) à notre tour.

    Ces étiquettes, qui nous ont volé notre identité au point de ne plus être capables de transmettre le beau, le bon, le positif, de construire notre avenir avec enthousiasme, on les transmet de génération en génération.

    La prédiction créatrice débute par une définition fausse de la situation provoquant un comportement nouveau qui rend vraie la conception, fausse à l’origine.” (Merton, 1951-1965). Une fois reliée à la situation, elle “va déterminer le comportement qui en résulte avec ses conséquences.” (Merton, 1965)

    C’est possible de briser ce cercle infernal et de faire peau neuve ! Jette tout ton attirail de poseur d’étiquettes et apprends dans l’article suivant comment les décoller.

    Tu peux également faire un tour ici !